Haussmann, préfet de la Seine de 1853 à 1870, a profondément transformé Paris, dessus, dessous, au centre et à sa périphérie. Son nom incarne par extension un siècle de travaux qui déterminent aujourd’hui encore l’organisation urbaine de la ville et l’identité de la capitale. Mais qui penserait aux tracés du Second Empire comme réseau exemplaire de la mobilité ? À l’îlot du XIXe siècle comme outil performant pour la ville durable ? À l’immeuble haussmannien comme archétype de la flexibilité ? La manifestation Paris Haussmann analyse et révèle le potentiel du modèle urbain parisien dans son actualité au regard des enjeux et des défis de la ville de demain.
Procédant comme une démonstration, l’exposition part du trait pour aplatir l’histoire. Plus de 100 dessins, plans, archives, photographies de Cyrille Weiner et de nombreuses maquettes offrent ainsi aux visiteurs une découverte renouvelée de ce patrimoine dans ses différentes échelles. L’exposition redessine, classe et compare les axes, distingue les espaces publics, organise les îlots et les immeubles en fonction de leur géométrie actuelle.
En analysant la forme pour en comprendre le sens, cette exposition et l’ouvrage qui l’accompagne - conçu comme un rétro-atlas contemporain du territoire haussmannien - offrent une relecture de la ville tant dans ses volumes que dans ses temps et ses usages. Les données acquises par le dessin et par le développement conjugué aux technologies et calculs engagés par les architectes Umberto Napolitano, Benoit Jallon et l’architecte et ingénieur Franck Boutté, font émerger une nouvelle arborescence urbaine selon des critères contemporains. Quelle « marchabilité » pour le tissu urbain haussmannien au regard des autres grandes métropoles internationales ? Pourquoi l'incroyable densité du modèle haussmannien est-elle si confortable ? Quelle efficacité énergétique pour ces îlots et immeubles au regard des normes actuelles ?
Mitoyenneté, mutabilité, densité, matérialité, compacité, équilibre plein-vide, mixité des activités, ces capacités, révélées dans la manifestation Paris Haussmann, invitent à relire les critères de la conception urbaine actuelle dans un système où les exigences performantielles dialogueraient avec le plaisir d’habiter, où la résilience serait architecture.