Beyrouth
Logements - Bureaux
Le point de départ du projet a été la lecture de la ville de Beyrouth dans toute sa complexité. Nous avons imaginé Beyrouth comme une superposition « non finie » d’histoires, de contextes, d’architectures, et de situations. Notre projet a été pensé comme une interface, un algorithme qui tisse de nouveaux liens, et porte de nouveaux regards, à la fois vers l’histoire, le présent et le devenir. Nous avons développé trois approches additionnelles, correspondantes à la fois aux exigences du programme et aux échelles diverses des éléments du projet.
C’est dans un territoire à proximité du port et du quartier Solidere, bordé des rues Fakhreddine et Omar Daouk, et marqué par des immeubles hauts, que notre projet s’inscrit. Ponctuant l’importante bande végétale initiée depuis l’International College de Beyrouth, notre intervention se situe non seulement dans la préservation de cet espace offert mais surtout dans sa sublimation.
Hypercontextualité et méta-territoire :
La tour
La tour représente l’élément central du projet, et a été imaginé comme la traduction la plus littérale de l’idée d’interface de connexion. Porter un regard sur la ville de Beyrouth et connecter des éléments au-delà de leur proximité physique, voilà ce qui a guidé notre approche conceptuelle.
La matière de la tour devient Beyrouth. A l’idée de monument nous avons voulu substituer l’anti-monument, celui qui évolue, se modifie, se met à jour, suivant l’équilibre très fragile, entre l’objet et le regardeur. La tour se veut comme un miroir de Lacan pour que Beyrouth puisse en se regardant trouver sa parole ; un catalyseur de la ville, qui restitue la concentration d’histoires, de cultures et de lieux.
Le choix de quatorze points porteurs d’une histoire et révélateurs d’espaces publics, a constitué les éléments qui composent le voyage au cœur de la ville. Les séquences des lieux viennent se refléter sur la peau et le regard est renvoyé vers la ville mais peut également pénétrer l’intérieur. Déambuler autour de la tour devient une expérience urbaine, une promenade à travers les diversités et les richesses de la ville.
Le bâtiment se structure autour d’un volume en forme de croix, enveloppé dans une protection solaire à base carré, 25x25m. La première peau est constituée par des panneaux coulissant en tôle d’acier perforé et miroir poli qui servent à la fois à réfléchir, protéger, et faire pénétrer le regard. Les terrasses des logements (duplex et triplex) occupent les vides aux angles de la croix.
Continuité topographique/territoriale/spatiale :
Le socle
Le socle permet de générer des bandes végétales qui relient les différentes altimétries présentes sur le terrain et qui abritent trois niveaux correspondant aux niveaux 0, 4 et 8 mètres relatifs aux rues bordant l’îlot.
Les trois niveaux du socle se composent de 10 000 mètres carré de surfaces commerciales. A la fois parc public en toiture, galerie commerciale parcourant la parcelle ou encore venelle piétonne d’est en ouest, la multiplicité des réponses spatiales prévues pour le socle renforce la définition d’une échelle humaine et la création d’un véritable morceau de ville.
Les plots font partie intégrante du socle, leur volumétrie s’affine dans la partie supérieure toujours dans un souci de retrouver une échelle humaine et de dévoiler une géométrie à la fois maîtrisée et urbaine. Depuis les plots, le socle est vécu comme un parc végétal, réminiscence de l’ancienne parcelle et véritable écrin au reste du projet.
Continuité typologique :
Les plots
L’habiter est sans aucun doute l’événement fondamental de notre démarche. L’amorce conceptuelle réside dans la recherche d’une continuité typologique (l’habitat traditionnel méditerranéen) fondée sur un espace structuré autour d’un patio central servant à la ventilation naturelle du lieu et à la distribution des différents espaces. Chaque appartement s’appuie sur une séquence domestique de succession et d’imbrication qui débute par un espace extérieur d’entrée, suivi d’une intériorité, puis du retour vers un patio entre-deux qui offre un cadrage sur la ville, et qui devient complètement appropriable en été par des parois pivotantes.
Les plots sont traités d’une manière très minérale, grâce à une peau légère et structurelle, réalisée en Ductal. Alternant les pleins, les vides et ce jeu de percements, l’écriture est harmonieuse et rappelle un vocabulaire contextuel.
Client : HAR études / Budget : 120 M€ HT / Surface : 115 000 m² / Calendrier : 2008 / Équipe : Batiserf Ingénierie (Structure), Franck Boutté (HQE)