Beyrouth
Siège social de BankMed
La tour en négatif
Le projet pour Bank Med est une proposition d’hybridation entre un immeuble à cour et un gratte-ciel. C’est une architecture qui se raconte par couches successives, une tour en négatif caractérisée par un vide que l’on pénètre, qui est au service des autres espaces et qui joue un rôle fondamental sur la lumière, le confort, la ventilation et le climat du projet.
Dans les mégapoles, la tour est le résultat d'une densification urbaine poussée à l'extrême. Mais elle est bien souvent aussi liée à l'expression du pouvoir. À Beyrouth, cette course injustifiée à la verticalité est parfaitement inadaptée au modèle urbain, et la relation de cette architecture à l'espace public apparaît absente. La construction d'un nouvel immeuble de 16 500 m2 pour la Bankmed dans le quartier de Mina El Hosn, au pied du siège historique conservé, requiert alors une réponse volumétrique équilibrée et adaptée. Le bâtiment d'origine est un symbole pour la capitale libanaise, un repère pour la ville, et son extension ne doit pas porter ombrage à sa notoriété. L'alternative proposée n'est donc pas une tour mais plutôt une typologie hybride composée de plusieurs volumes assemblés autour d'un vide, comme le négatif du premier édifice. Ce vide est un espace servant, sans autre fonction que celle d'apporter lumière et respiration au cœur de l'immeuble, à la manière des demeures orientales dont les patios constituent des espaces exterieurs neutres au service des autres pièces de la maison. Ainsi, il génère de grandes fenêtres ouvertes sur la ville qui assurent la communication avec les immeubles alentour et renforcent la liaison avec la première tour. En résultent de nombreux espaces extérieurs à disposition du personnel, dont l’orientation varie et qui offrent d'impressionnants points de vue sur la ville. La grande brèche taillée dans la façade sud est aussi source de lumière pour l'atrium et rayonne sur le reste du quartier.
L'impact du volume sur l'ensoleillement des immeubles voisins est réduit et la forme compacte de la nouvelle construction emprunte une dimension plus mesurée pour se rapprocher de sa sœur aînée. L'immeuble se décompose en trois grandes entités. Le socle est un projet de topographie urbaine où l’altimétrie, l’environnement et les données programmatiques structurent l’îlot et sont autant d’opportunités pour générer des qualités singulières. Les étages contiennent les bureaux dont l'accès est réservé. Si les espaces de travail ne sont pas très flexibles à l’intérieur, la forme de l'édifice et les différents vides qui le traversent produisent quatre morphologies de plateaux. Ces dispositifs d'aménagement variés s'adaptent aux besoins tout en offrant une diversité d’usages. Enfin, l'attique est un belvédère monumental qui surplombe le quartier. Socle, bureaux et couronnement sont connectés par l'atrium et forment un immeuble défini par une géométrie externe dense, à la fois ouverte et fermée, dont l’intériorité et l’extériorité s'expriment à travers deux matérialités distinctes.
La paroi de l’atrium est en albâtre calcaire. Cette pierre présente à sa surface des ondulations d'un jaune miel plus ou moins foncé, tirant parfois sur le rouge sombre. Sa cassure cristalline et striée lui confère une semi-transparence précieuse. Travaillé en fines plaques, l’albâtre opalescent est disposé devant les vitres qui referment les coursives des étages. La façade extérieure est quand à elle composée d'une double-peau. Vitrée à l'intérieur, elle est recouverte d'un sytème de lames de cuivre et de verre, inclinées et alternées, qui permettent de protéger du soleil tout en ouvrant les fenêtres des bureaux. L’enveloppe change d'aspect selon l'angle de vue et la lumière, apparaissant tantôt cuivrée, réflechissante ou moirée.
Client : HAR Etudes – Bank Med / Budget : 14.5M€ HT / Surface : 16 200 m² / Calendrier : 2012 / Équipe : Bollinger + Grohmann (Structure), Flack + Kurtz (Fluide + SI), DG Jones (Économie), Franck Boutté (HEQ), Lerch Bates (Facades)