Dunkerque
60 logements
Le site de la place Salengro à Dunkerque représente une occasion rare de mettre un projet d’architecture au profit de la construction de la ville et tenter d’apporter des réponses aux problématiques restées irrésolues aux cours des étapes antérieures.
La réussite du projet de l’îlot résidera dans sa capacité à générer des conditions d’habitabilité et à prendre en compte les contraintes urbaines pour les transformer en atouts.
Les volumes
La première étape a été d’ouvrir le cœur d’îlot à la ville. Ce mouvement induit un découpage qui instaure immédiatement une logique de « participation qualitative » où chaque élément du projet vient enrichir l’autre. La cour devient un jardin pour la ville et les failles, des espaces publics qui ponctuent la périphérie de l’intervention.
Nous avons concentré une partie de la surface du programme dans un immeuble d’angle plus vertical en allégeant ainsi les autres volumes. Cette opération nous a permis de « mettre à l’échelle le projet » et d’améliorer les conditions d’habitabilité.
La troisième étape a porté sur la définition de l’interface public-privé, commerce-parking-logements.
Ici les accès, le cheminement autour de l’îlot et les conditions des espaces publics ont été imaginé pour devenir une expérience sensorielle.
Les logements
Le choix volumétrique a facilité la conception des logements, divisé maintenant en quatre plots. Quelques chiffres nous permettent de mieux comprendre :
Sur les 60 logements, seulement 10 sont mono orienté (T2) dont la moitié est situé au Sud, 16 bénéficient d’une triple orientation et 34 d’une double, 11 ont un jardin individuel au R+1 et tous possèdent un espace extérieur privé (loggia). La compacité du projet donne une efficacité aux plans et augmente la surface de la cour.
Chaque typologie de logements possède son hall d’entrée. Au nord pour les logements sociaux et au sud pour les logements privés. Une entrée piétonne est également possible depuis les emmarchements publics situés entre les failles des bâtiments. Les habitants accèdent ainsi à leur logement par le parvis central au R+1. Les logements donnant sur le parvis bénéficient d’un accès direct à un espace extérieur privé. Le parvis est ensuite conçu comme un espace public collectif, mariant végétations et lieux de détente.
Chacune des typologies de logements est répartie dans deux bâtiments distincts, au nord les logements sociaux et au sud les logements privés, garantissant ainsi pour chaque logement une plus grande diversité d’orientation et de vues sur la ville.
La materialité
La position particulière de l’opération, sa centralité, son rôle de rotule entre plusieurs points clés de Dunkerque et plusieurs histoires, demande toutefois un effort sensible sur la matérialité et l’image de cette nouvelle architecture.
Idéalement dans la logique de servir la ville à travers un projet, il faudrait presque que ces façades puissent assurer une transition entre la monumentalité du Beffroi et la domesticité des petites maisons de ville. Il devient donc nécessaire que l’objet puisse au moins exprimer un degré d’abstraction qui ne rend pas appréhendable sa fonction. En d’autres mots est-il possible de muter le langage d’un projet de logement en quelque chose de plus générique ?
La composition d’une façade d’immeuble de logement est en effet très contrainte par la partition du plan et le besoin en éclairage naturel de chaque pièce. Certes, cela peut donner des exemples merveilleux, mais il est très rare que l’identité domestique du projet puisse s’effacer.
Cette envie de mutations nous a conduits vers une nouvelle phase de recherche et une donnée fondamentale nous a fait aboutir au vocabulaire que l’on propose aujourd’hui.
Dunkerque est la ville des textures et des motifs !
L’identité de l’espace public à Dunkerque est marquée par ces géométries. La façade du projet reprend cet esprit, et un peu comme si le sol de la ville remontait en vertical, notre proposition décline une composition géométrique minérale.
A travers 4 modules et une matière ce système permet à la fois de répondre au besoin fonctionnel et opère cette « mise en monumentalité » du projet.
Client: Société de Développement du Dunkerquois - S3D / Budget: 12M € HT / Surface: 12.125 m² / Calendrier : 2011 / Equipe : Batiserf Ingénierie (structure), Bureau Michel Forgue (économie), Nicolas Ingénieries (BET fluides, consultant HQE, CVC)