Nantes
122 logements étudiants, école Vatel et restaurant
Transitions héliotropiques
Le campus Vatel est un projet urbain et architectural qui ambitionne l’idée de tisser des liens : avec les quartiers contigus, avec le fleuve, avec les espaces publics de l’île de Nantes, entre le campus et la ville, entre le privé et le collectif, entre les différents moments d’urbanisation de ce territoire, et les différents programmes. Ce postulat est omniprésent dans tous les choix du projet : de la forme au langage, de la stratégie conceptuelle à la construction.
L’aménagement du site Brossette campe le plus gros chantier jamais réalisé sur l’Île de Nantes. Occupée autrefois
par les entrepôts du fabricant de composants sanitaires, la parcelle de 1,5 hectares située face à la Loire, accueille six nouveaux bâtiments aux programmes mixtes, dont une tour panoramique de 18 étages. Ce projet, au carrefour entre urbanisme et architecture, propose une alternative méthodologique à la fabrique urbaine typique des ZAC, opposant à la logique des prescriptions, celle du dialogue et du partage.
Polaris est le fruit d’un travail de concepteurs, réunis sous forme d’un groupement ayant comme credo partagé que l’architecture est au service de la ville. Workshop après workshop, le groupement a négocié chacune des décisions à l’échelle du bâtiment et celle du quartier. S’inscrivant en continuité du travail d’UAPS et de Marcel Smeth (en charge de la maîtrise d’oeuvre urbaine de l’île de Nantes), LAN est à l’origine du dessin du plan masse et des grands principes urbains de l’opération, et mandataire du groupement d’architectes avec Abinal et Ropars et l’atelier Stéphane Fernandez. Les agences ont travaillé ensemble afin d’ajuster les formes et les programmes avec l’objectif de transformer la haute densité en qualité, de définir un espace public cohérent et d’affirmer une identité urbaine claire et lisible.
L’environnement du site est à l’intersection de plusieurs systèmes formels : des immeubles des années 1970 en copropriété construits sur le modèle des « grands ensembles », un complexe de bureaux avec cours et jardins au développement inachevé, et l’opération d’Alexandre Chemetoff, première phase du renouvellement urbain de l’île. Dans ce contexte hétérogène, une synthèse s’est imposée et le nouvel îlot Polaris joue le rôle de pivot. L’implantation des bâtiments repose sur une trame découpée en lanières ; qui traverse la parcelle d’une extrémité à l’autre et propose de nouveaux cheminements pour favoriser la mise en tension du coeur du site avec les berges du fleuve. Formées par la construction des immeubles, des intériorités émergent et s’organisent en places, parvis, terrasses ou jardins, polarisant les usages selon des thèmes précis, en réponse aux besoins de l’espace public.
L’îlot Polaris abrite un campus d’un peu plus de 10 000 m² dans lequel l’école internationale du management de l’hôtellerie et du tourisme Vatel a choisi d’implanter un nouvel établissement. Il comprend des salles de cours, un restaurant, une brasserie et un café d’application ouverts au public, ainsi qu’une résidence-service pour étudiants de 300 appartements. Le programme inclut également 250 logements, près de 6 500 m² de bureaux et 600 m² d’activités répartis entre les différents plots de l’opération. Outre l’alignement des planchers d’une construction à l’autre, et la régularité partagée des ouvertures composant les façades ; chaque espace commun - peu importe la position sur le site de l’immeuble auquel il appartient – rejoint un même niveau, celui d’une vue lointaine et dégagée sur le Skyline de l’ancienne ville.
Bien que la parcelle soit entièrement privée, tous les espaces extérieurs sont ouverts à la ville. Le quartier, devenu entièrement piéton, est traversé par une allée centrale. Colonne vertébrale de l’îlot, elle mène au coeur du projet : le parvis de la tour rebaptisée « 360° View », espace rétrocédé à la collectivité et qui devient une place publique. Quatre immenses peupliers dialoguent avec la façade habillée d’aluminium brossé. La façade reflète son environnement le jour et s’anime la nuit dans un jeu d’impostes mis en mouvement par des volets perforés. Perçu depuis le sud, l’édifice clôt la perspective. Au nord, depuis le fleuve, il donne le ton de la réalisation.