Paris VIII
Grand Palais
Ni musée, ni monument
Le projet de restauration et d’aménagement du Grand Palais est l’occasion de retrouver les traces et les dispositifs qui lui ont permis de rester, en dépit du temps passé, une source d’inspiration. Ni musée, ni monument, cette architecture légitime une démarche centrée sur l’idée de fabriquer une « machine à culture » qui exalterait de manière exponentielle sa vocation « universelle » et « républicaine ».
Réhabiliter l’existant c’est l’inscrire dans une temporalité passée dont il s’agit de révéler les qualités, en même temps que dans un futur à anticiper. Cette inévitable articulation avec le temps est d'autant plus indispensable que l'aura du monument est grande. Celle du Grand Palais, construit pour l’Exposition universelle de 1900, est extraordinaire. Si son réaménagement vise à augmenter sa capacité d’accueil, à optimiser son exploitation et à faciliter l’accès du public, il est surtout l’occasion de renforcer son aspiration à fabriquer une « machine à culture » qui exalterait sa vocation républicaine. Dès lors, le projet doit se construire autour de grandes valeurs comme l’efficacité, la sobriété et la valorisation du patrimoine et force à placer les usages et les usagers présents et à venir – visiteurs autant qu’artistes - au cœur du processus de conception.
De par la complexité des enjeux du réaménagement, la réponse ne saurait se réduire à quelques dispositions spatiales. Invoquant différentes disciplines – restauration, scénographie, génie climatique, etc. -, elle est, au contraire, pensée comme un ensemble cohérent, à même de retrouver l’unité et la fluidité intrinsèques au lieu. À travers l’analyse des situations variées que recèle le Grand Palais, la proposition transforme les contraintes en atouts et conserve les qualités comme autant de ressources à révéler. Ainsi, l’intervention revalorisant les accès nord et sud se concentre sur le bâtiment intermédiaire où le square Jean Perrin, nouveau repère à l’échelle urbaine, guide les visiteurs via un parvis ouvert et deux rampes. À l’intérieur, ménageant une transition progressive de la ville aux galeries, la « Grande rue des Palais » organise l’accueil et devient la plateforme de connexion de l’ensemble des manifestations. C’est un volume majestueux, déployé sur plusieurs niveaux. Soulignant l’axe originel est-ouest, il donne au public la possibilité d’embrasser d’un seul regard la grande nef et la rotonde du Palais d’Antin. Partant du déambulatoire, un parcours en boucle traverse ensuite le Grand Palais pour mettre en valeur son architecture au moyen de cadrages soignés sur des éléments emblématiques tels que la nef et sa verrière, les surplombs, les pylônes, etc. Enfin, la visite s’achève par une promenade sur les toits, clou du spectacle où Paris s’offre tout entier aux visiteurs.
Pour que la mise en scène des qualités du passé s’entremêle avec l’anticipation du futur, le réaménagement du monument est l’occasion de promouvoir une approche plurielle et stimulante de la culture, basée sur l’exploitation du lien entre la présentation d’une œuvre et sa compréhension. La richesse spatiale du Grand Palais permet en effet d’ouvrir de nouvelles possibilités à l’expérience de l’art contemporain et de montrer des œuvres (vidéos, photographies, installations, performances, etc.) qui ont tendance à renvoyer les galeries traditionnelles à leurs limites fonctionnelles. La transformation des Galeries nationales vise ainsi à accueillir ces œuvres ambitieuses et imaginatives en développant une variété de concepts muséographiques, de situations en volumes, en lumières, en matières et en rapport à l’extérieur. Il ne s’agit pas de rendre les espaces d’exposition flexibles, mais plutôt de les considérer comme des évènements eux-mêmes en profitant de leurs caractéristiques originelles extraordinaires. Ainsi, c’est fort de l’intelligence de son histoire que le Grand Palais entre dans une nouvelle ère.
Client : Réunion des Musée Nationaux Grand Palais / Budget : 155 M€ HT / Surface : 69 312 m² / Calendrier : 2014 – 2023 / Équipe : Terrell Group (Structure, Façade et Fluide), Batiserf (Structure béton), BMF (Économie), Franck Boutté (HQE), Base (Paysage), Lamoureux (Acoustique), Systematica (Ingénierie mobilité), CASSO et Associés (Sécurité incendie et accessibilité), Mathieu Lehanneur (Designer), CICAD (OPC), dUCKS scéno (Scénographie), 8'18'' (Éclairage)