Paris XVIII
Résidence étudiante : 143 unités
Partout commun
La résidence étudiante Pajol 2 se compose de plusieurs bâtiments qui offrent autant de typologies d’habitat. C’est un programme très dense qui ne compte pas d’espaces communs généreux. Afin de pallier ce manque, le projet profite de chaque occasion, de chaque vide, de chaque coin, de chacun escalier, de chaque terrasse, pour proposer un espace de sociabilité. Tout est dessiné dans un souci de convivialité et tous les espaces entretiennent une ambiguïté sur leurs usages qui restent à inventer ou à découvrir par les habitants.
Dans le quartier de La Chapelle à Paris, la population est aussi variée que l’architecture. Les immeubles haussmanniens jouxtent les entrepôts et les ateliers de petits artisans voisinent ceux de la SNCF le long des voies ferrées de la Gare de l’Est. Construire ici une résidence étudiante introvertie, tournant le dos à la richesse culturelle propre aux quartiers populaires, est impossible. Le nouveau programme doit participer à l’animation des rues. Mais il doit également ménager un espace propice à la concentration des étudiants et, pourquoi pas, favoriser la création d’une communauté des résidents – forcément seuls dans leur studio - autour d’espaces partagés. Jouer avec la densité du programme et les sauts d’échelles dictés par le réglement d’urbanisme permet de formaliser ce paradoxe. Les 143 studios se répartissent en plusieurs volumes autour d’une cour intérieure, sorte de place de village. Creusé de deux failles, le front de rue abandonne un peu de sa linéarité au profit de l’animation de l’espace public où l’occupation du terrain est mise en scène. Le premier vide sert d’accès depuis la rue, le second accueille les escaliers métalliques qui déservent les étages de la résidence. Au rez-de-chaussée, un parking à vélo glissé sous les logements est également visible depuis la rue. La fine grille d’inox qui le protège laisse filer le regard jusqu’au cœur de l’îlot. On devine la chaleur de ce dernier tant son ambiance lumineuse tranche avec la façade sur rue, habillée de briques moulées main couleur ardoise. La cour intérieure, entourée de bâtiments bardés de mélèze, est baignée d’une lumière dorée. Jouer sur les contrastes matériels était un autre moyen de façonner l’urbanité du projet en même temps que de lui offrir de la convivialité.
Travaillée avec attention, la cour est le cœur fonctionnel et communautaire de ce petit village. Elle permet de rejoindre les appartements installés en fond de parcelle. Le système de distribution qui s’y accroche est très lisible: telles des rues, les quatre blocs de circulations verticales sont situés aux quatre angles du terrain. Souvent extérieurs, on y accède parfois en passant sous un porche.
D’une superficie moyenne de 18 m², les studios sont agréables à vivre. Si la surface vitrée peut varier d’un logement à l’autre, la possibilité de profiter d’un balcon ou de partager une terrasse est une plus-value dans un programme de petites habitations tel que celui-ci. Enfin, le mobilier en partie conçu sur-mesure (le bureau et son éclairage, l’étagère, etc.) ainsi que les persiennes participent à l’attrait des lieux, comme la cour intérieure. Car, grâce à la générosité de ses dimensions – un carré de 15 m de côté –, cette dernière est un agréable jardin sur lequel s’ouvrent les locaux collectifs (une salle commune et une salle informatique). Être le nœud fonctionnel du projet était l’assurance de l’occupation de cet espace extérieur où les échanges entre résidents ont la place de se tisser. C’était également un moyen de garantir son existence face à un maître d’ouvrage frileux devant le coût d’entretien de ce type de lieu. Les surfaces horizontales et verticales sont revêtues du même matériau clair et souple, habituellement réservé aux terrains de jeux et à même d’assurer leur bonne tenue dans le temps. Ce revêtement amortissant les bruits de pas est aussi ludique que confortable. Élargis, les rebords des grandes jardinières qui en émergent sont autant de bancs où l’on peut s’asseoir pour profiter d’un peu de calme au cœur de l’agitation urbaine.
Client: RIVP – CROUS / Budget: 8.0 M€ HT / Surface: 3950 m² / Calendrier: 2007 – 2011 / Equipe: HQE : Franck Boutté, BET TCE : LGX Ingénierie