Rennes
Service départemental d'incendie et de secours et centre d'Incendie et de Secours
Architecture territorial
Le service départemental d'incendie et de secours suit et définit le bord de la Vilaine sur 180 mètres. Son implantation et ses dimensions soulignent la volonté claire d’une architecture vouée à la fois à organiser le caractère logistique du site, et à la fois à le contenir pour qu’il ne soit pas visible depuis l’espace urbain. C’est une architecture qui marque l’entrée de ville et dont le traitement de façade s’inscrit dans les architectures institutionnelles de la ville de Rennes.
Envisager dès sa conception l’adapatabilité d’un équipement technique quand ses exigences fonctionnelles ont tendance à éclipser ses qualités architecturales peut relever d’un doux idéal. Pourtant, il existe des situations programmatiques et urbaines où la faculté de modification d’un bâtiment présente un intérêt certain. La relocalisation du Service départemental d'incendie et de secours d’Ille-et-Vilaine (SDIS 35) sur les berges de la Vilaine à Rennes fait partie de celles-ci. Implanté sur la rive droite dont le front urbain doit être renforcé, et faisant face à la plaine de Baud devenue ZAC au sud du fleuve, le nouveau SDIS 35 fait figure de prototype, annonceur de constructions et d’usages à venir. L’équipement, qui adjoindra une caserne de pompiers aux bureaux de la direction départementale des services d’incendie et de secours (DDSIS) existants sur site, est l’occasion d’optimiser le fonctionnement de la structure et de définir l’identité du futur quartier. Dès lors, sa présence architecturale est un enjeu à la hauteur de ses exigences fonctionnelles. Parce qu’elles ne sont pas figées pour répondre à l’évolutivité constante de l’institution, ces dernières deviennent d’ailleurs un ressort d’invention. Le nouveau SDIS assume sa radicalité formelle car elle libère, derrière une enveloppe unificatrice, l’habitabilité de l’intérieur. Des modules de 1,35 mètre de large – soit la moitié d’un module de bureau - percés de trois fenêtres standardisées de 60 x 100 cm, enveloppent la structure poteaux-poutres. Chaque salle dispose ainsi d’un minimum de six fenêtres : deux en partie basse, deux à hauteur d’assise et deux à hauteur de vue. Recouvrant indifféremment bureaux, locaux d’hébergement ou encore salles de sports, ce dispositif facilite la reconfiguration intérieure du bâtiment.
C’est la manipulation d’un cahier des charges hors normes qui a permis une telle rationnalité : quand le programme bâti du SDIS nécessite quasi 3 900 m2 d’emprise construite, le vide nécessaire au stationnement et manœuvres en représente plus de 11 700. Habilement mis en forme, ce ration plein/vide inversé permet de ne pas sacrifier l’urbanité des berges aux considérations programmatiques. Les espaces bâtis sont regroupés au sein d’un volume franc de deux niveaux déployé le long de l’avenue François Château pour concentrer la totalité du fonctionnement viaire à l’arrière du site. Derrière le front urbain, les locaux opérationnels de la caserne (équipe de garde, locaux d’hébergement, garages, etc.) sont installés à la perpendiculaire. Ils divisent ainsi l’aménagement extérieur en deux parties et facilitent les départs en opération: les aires de manœuvres d’un côté, celle de stationnement de l’autre. Une tour de bureaux complète le volume. C’est l’émergence qui annonce celles qui animeront demain le skyline de la ZAC Baud-Chardonnet.
La forme en T permet également d’optimiser la fluidité et la rapidité des circulations à l’intérieur du bâtiment, enjeu d’usage primordial. Le nœud formé par la rencontre des trois ailes du socle et de la tour constitue le cœur fonctionnel du projet. L’ensemble des espaces mutualisés par la caserne et la DDSIS s’articulent autour : hall d’accès, salles de réunion partagées, services de restauration, espaces de convivialité – qui représentent 173 m² de valeur ajoutée au programme - et terrasse plein sud, ouverte sur la Vilaine. Certains de ces espaces disposent d’ouvertures élargies. Le jour, ces façades rideau donnent à voir une intense vie intérieure alors que la nuit le jeu de percements transforme le volume en lanterne lumineuse : le bâtiment devient une veilleuse qui témoigne du dévouement permanent des sapeurs-pompiers.
Client : Conseil Général d’Ille et Vilaine / Budget : 14,27M€ HT / Surface : 8 510 m² bâtiment + 9 468 aménagement extérieur / Calendrier : 2014 – 2021 / Équipe : Terrell (Structure et Fluide), BMF (Économie), Lamoureux (Acoustique), Klein (OPC), Audatis et Samuel Berrée (OPC)