Saclay
Résidence étudiante : 900 logements
Morphologies nouvelles
Constitué de huit bâtiments de hauteurs variables au sein d’un parc arboré, le projet s’attache à créer des porosités entre la résidence étudiante et le quartier de Moulon. Les ouvertures, les limites et les circulations libres entre les différents espaces publics et privés traduisent l’ambition de fusionner un quartier de ville et un campus au sein d’un même territoire, afin de sortir des situations existantes de grandes enclaves universitaires déconnectées des centres-villes.L’hybridation entre une idée abstraite et la réalité physique constitue l’une des principales tâches de ceux qui pensent que la ville ne peut se résumer à une collection d’objets autonomes. Parce qu'un réseau d’espaces publics diversifiés se conjuguera au paysage existant, le projet urbain du quartier du Moulon, situé au cœur du plateau agricole de Saclay, sera une démonstration exemplaire de cette articulation entre géométrie et géographie. Son identité se construira à travers la définition de ses vides, qu'ils soient préexistants ou une création nouvelle. S'appropriant cette logique, le développement des îlots B6, B7 et B8 - première phase de construction de logements étudiants dans le partie ouest du quartier – est l’occasion de concilier ville et nature, architecture nouvelle et paysage existant à travers la mise en place d'une solution formelle radicale : densifier la périphérie de ce vaste ensemble pour créer un véritable parc en son centre.
Appréhendé dès lors comme une figure urbaine homogène, « l’îlot B » se définit par un sol commun, un parc habité et poreux qui favorise les échanges entres les différents espaces publics du quartier, anciens et nouveaux. Connecté au mail Joliot Curie, au carré des sciences et à l’école Supélec, il assure également la continuité du tissu végétal entre le parc du Moulon et le jardin écologique. Des arbres à haute tige, des trembles élancés, des plantes de sous-bois, des fougères et des mousses y génèrent intimité, fraîcheur et calme. C’est un lieu protégé que les étudiants traversent pour se rendre chez eux. Il génère des séquences, apporte des nuances à l'habituelle dichotomie entre l'espace public de la rue et celui privé du logement. Le passage de l’un à l’autre emprunte des formes plus hybrides grâce au végétal.
Le logement étudiant impose l’exactitude de la mesure : sur une surface de 18,45 m², il doit être polyvalent pour satisfaire des exigences particulières tout en répondant à un modèle universel d’existence minimale. Si les enjeux de ce programme sont invariables, mettre en place un parc d’environ 8500 m² – dont plus de la moitié est en pleine terre – ouvre un vaste champ d'exploration pour cette forme d’habitat. Dé-densifier l’espace pour octroyer de la place à la nature pousse à inventer une architecture qui puisse s’y fondre. Au total, 70% du programme est logé dans les bâtiments périphériques, le reste est hébergé au cœur du parc, dans des résidences de plus petit gabarit. Alors que les bâtiments qui cerclent l'îlot développent un mode de vie urbain dans une géométrie assez conventionnelle - les T1 présentent un plan classique mais une organisation en grappes et des salons d’étage garantissent une qualité de vie supérieure –, les résidences du parc explorent d'autres qualités d'usage grâce à une géométrie moins ordinaire. Puisant dans l'imaginaire pittoresque de l'art des jardins et privilégiant l’agrément et la sensibilité, cinq cylindres forment une série de folies sans orientation ni hiérarchie qui ponctuent le parcours du promeneur. En accroissant le linéaire de façade par studio, cette géométrie curviligne permet d'imaginer un habitat plus innovant et confortable en identifiant clairement un espace jour et un coin lit. Enfin, pour participer pleinement à l'image sensible des lieux, le traitement de façade de chacun des cylindres est conçu en collaboration avec un plasticien pour que l’enveloppe devienne un espace de narration à part entière.
Client : LinkCity / Budget : 43M€ HT / Surface : 25 346 m² / Calendrier : 2015 – 2017 / Équipe : Franck Boutté (HQE), Topotek (Paysage)