Saint-Jacques-de-la-Lande
Mairie
Héritages français
Le projet de Saint-Jacques de la Lande réinterprète un héritage français qui commence au Moyen-Âge avec les maisons communes et qui se poursuit à la naissance des mairies (avec la loi de 1884). C’est une histoire qui unit de manière indissociable la place et l’hôtel de ville, et qui nous lègue aussi une série d’éléments caractéristiques de ces architectures: la fontaine, la «bretèche», l’«oriel», le large vestibule.
Concevoir une mairie qui déjoue les codes d'un bâtiment institutionnel en fabriquant un espace public à part entière était tout l'enjeu de ce projet qui apparaît comme la ponctuation du nouveau centre-ville de Saint-Jacques-de-la-Lande. Avec ses deux parvis, ses façades abstraites parées d'une tôle d'acier perforée, l'édifice impose une image unitaire et contemporaine qui interagit avec chaque voie qui la borde, stimulant ainsi la vie de quartier. Évitant l'écueil d'un geste monumental pour incarner les valeurs du pouvoir et répondre au souhait de la maîtrise d'ouvrage qui privilégiait une mairie modeste et fonctionnelle, le bâtiment fait sens dans le quotidien des citoyens. Pour pallier la difficulté d'occuper une parcelle trop grande avec peu de moyens, c'est le choix de la compacité qui a été retenu, tout en élargissant le programme initial. Plus qu'un simple bâtiment, la mairie est assimilée à une place qui la prolonge et devient un lieu appropriable par tous, catalyseur de rencontres. Le bâtiment est un repère urbain qui invite intuitivement les usagers vers les espaces intérieurs.
S'il s'inscrit dans la continuité de l'histoire architecturale des hôtels de ville, le projet s'en distingue par sa contemporanéité et la volonté de décliner certains éléments typologiques récurrents - comme la place ou la tribune du maire - en en livrant une version épurée. Tendant vers l'abstraction, le bâtiment-place annihile les échelles et revisite les systèmes de représentation classiques en proposant une narration neuve et plus implicite : loin d'être écrasante et teintée d'un voile de supériorité, l'incarnation du pouvoir est rendue accessible au simple citoyen. L'architecture s'efface au profit de l'espace public mais la mairie n'en demeure pas moins un outil de travail et de service à la population efficient. La clarté des volumes intérieurs est renforcée par la lisibilité des circulations d'un service à l'autre. À l'impression de fluidité spatiale qui en découle s'ajoute la forte présence du bois dispensant une atmosphère chaleureuse. Élément d'articulation du cœur du bâtiment, le hall double hauteur, dédié au public, permet aussi de liaisonner le parvis haut, en relation
directe avec la salle du conseil et mariage située au premier étage. Lors d'une cérémonie ou d'une réunion, son accès indépendant facilite la gestion des flux tout en offrant un espace de réception extérieur aux participants. Abritant les bureaux de l'administration générale, le dernier niveau héberge également celui du maire qui bénéficie aussi d'une loggia surplombant la place de la mairie.
La présence de grands vitrages comme celui qui ouvre sur la haie végétale qui a été volontairement conservée, du patio ou encore de l'atrium central favorise l'apport de lumière naturelle et établit des relations fortes entre le bâtiment et son environnement urbain. Fine et légère, une façade en tôle d'acier complète une première couche répondant à des besoins de performance thermique. Créant un effet de pénétration visuelle, la première peau remplit le rôle de filtre solaire et la nuit, sa porosité révèle le bâtiment par transparence. Les taux de perforation des volets ont été ajustés en fonction de l'orientation afin d'optimiser l'éclairage naturel et de protéger du soleil. Tout en précision et en élégance, la mairie combine sens de la domesticité et de la territorialité dont la mise en exergue fait qu'elle devient un support symbolique de la ville, avant même d'incarner les arcanes du pouvoir.
Client : Ville de Saint Jacques de la Lande / Budget : 5.7M€ HT / Surface : 2550 m² / Calendrier : 2010 – 2016 / Équipe : Franck Boutté (HQE), LBE (Fluide), Batiserf Ingénierie (Structure), BMF (Économie), Lamoureux (Acoustique)