Edition
Napoli
SUPER MODERN
2020
Dans le célèbre essai de Walter Benjamin écrit avec Asia Lacis en 1925, Naples est immédiatement présentée comme l’antithèse des villes du nord de l’Europe. C’est un contraste fondé non seulement sur la différence anthropologique et les habitudes quotidiennes, mais aussi sur un plan formel : «Parce que pour ceux qui ne comprennent pas les formes, il y a peu à voir ici»
Sous la direction de
LAN ET DU LABORATOIRE R.A.A.R
Auteurs
UMBERTO NAPOLITANO
ANDREA MAGLIO
MANUEL ORAZI
GIANLUIGI FREDA
Photographies
CYRILLE WEINER
éditeurs
PARK BOOKS (ÉDITION ANGLAISE)
QUODLIBET (ÉDITION ITALIENNE)
Nombre de pages
281
Graphisme
PUPILLA GRAPHIK
La stratification complexe de la ville de Naples rend difficile une lecture qui reconnaisse clairement les phases de sa croissance mais qui permette des analyses « transversales » capables d’identifier certaines permanences et particularités. L’hypothèse de cette étude est qu’une trace latente peut être identifiée dans l’architecture napolitaine, et spécifiquement dans celle de l’époque contemporaine : le renoncement à définir des modèles abstraits et idéalisant et la capacité, sinon la nécessité, de mesurer le projet avec le contexte physique, historique, social et paysager. Il y a très peu d’exemples de bâtiments napolitains qui peuvent être isolés de leur contexte et considérés de manière autonome. Dans la grande majorité des cas, le contexte n’est pas seulement un élément qui entre dans la définition du projet, mais il est le point de départ décisif, essentiel et explicite de l’idée de conception. La Ville Savoye à Naples n’aurait jamais pu être construite.
Le corpus de cette étude est constitué d’un ensemble d’architectures sélectionnées suivant deux logiques. La première est historique : tous les édifices choisis ont été construits à Naples entre 1930 et 1960, soit, durant une période précise de l’histoire de l’architecture italienne incluant le fascisme et la reconstruction. La deuxième est critique : à l’heure où nous exprimons collectivement l’ambition d’un renouvellement portant une ville plus écologique, plus égalitaire et plus inclusive, l’actualité ce patrimoine nous permet de questionner certaines des certitudes acquises jusqu’ici. Ce projet en appelle au génie d’un savoir “faire ville” et à la réinvention du contexte dans lequel le projet opère.
Les cas étudiés ici témoignent d’une spécificité qui ne se décrit ni comme stylistique, linguistique ou typologique et encore moins comme identitaire ou symbolique. Le trait commun de cette production architecturale tient en la définition d’une hiérarchie des contenus et des éléments discriminants du projet, qui fait de la ville l’élément référent.
La ville, comme forme, langage, écosystème, économie ou comme histoire, est chaque fois considérée comme le référentiel. Elle est la première ligne d’écriture du contexte, la plus fondamentale. Elle oriente le système, elle prime sur tout.
Manfredo Tafuri explique que l’architecture est « déterminée par ses traditions mêmes, par les objets qu’elle analyse, par les méthodes qu’elle adopte ; elle détermine les transformations d’elle-même et du réel qu’elle déconstruit ». Ici, le corpus étudié raconte le prolongement de l’architecture dans la ville, et l’intériorisation de la ville dans l’architecture. Il rend lisible cette transformation réciproque en mettant en évidence les figures, les formes, et les dispositifs qui sont propres à l’architecture et qui peuvent être compris, décrits et transmis en tant que tels.
Sortie du livre en Octobre 2020.